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S4-2 – Aux frontières du réel

Nous avons déjà appris dans ces lignes à reconnaître le réel : il fait mal, on se cogne dessus, et finalement on tombe dedans comme dans un gouffre infini. Mes dernière expériences m’ont appris à repérer les signes avant-coureurs qui peuvent nous éviter de tels égarements.

Il faut comprendre que le réel est un sorte de logo-vous-etes-ailleurs-hdpoint terminal entouré d’un halo de signes que nous pouvons facilement repérer. Et tous ces signes, je dis bien tous, sont des erreurs : des lapsus linguae, calami ou encore memoriae, des rires, des peurs. Notre monde social habituellement si bien entretenu se désagrège immédiatement.

Freud pensait que le lapsus exprimait une volonté ayant passé outre le filtre du Surmoi.

Je préfère une autre explication.

Son fondement est l’approche du réel par un être humain que, à l’instar des études épidémiologiques, je surnommerais le patient zéro. Car il est infecté par une sorte de virus de la vérité ; il est celui qui dit une chose vraie pour la première fois. Guy Béart a expliqué le sort qui lui était réservé.

Comme son discours est à la fois vrai et inconnu, il suscite l’inquiétude de ceux qui l’approchent alors. Une sorte de résonance va s’établir qui met ses interlocuteurs à genoux. Son discours étant du vrai, il n’y a pas d’obstacle à ce que l’énergie qu’il porte soit transmise à autrui. Le monde entier entourant le patient zéro va se mettre à son diapason, et vibrer de lapsus, d’hallucinations, de peur pour ainsi dire.

Comme je suis de bonne humeur, je vais prendre une autre image, celle du concert de musique classique.

Que fait, lors d’une représentation, le chef d’orchestre au juste ?

Et bien, au tout début, il va demander au hautbois de donner le la. Il s’assure ainsi que tout l’orchestre puisse résonner d’une même voix.

hautbois

Les suites de ses mouvement ne sont que simagrées. Simagrées nécessaires pour rassurer tout le monde, et dire qu’il y a bien un pilote dans l’avion. Avez-vous déjà essayé d’arrêter une symphonie ? Même la disparition du chef d’orchestre n’y parviendrait pas. Seuls sa mort sociale, son internement, son isolement ont quelques efficacités. Il est en tout cas plus facile d’éluder un homme que tout un orchestre.

crane

Je ne veux – je n’ai jamais – essayé de vous convaincre de mes petites découvertes. Ce serait de facto un échec. Celui qui pisse contre le vent mouille sa chemise. Je peux juste témoigner de ce que j’ai vu. Peut-être que mon expérience m’a permis d’expérimenter des désirs ou des faits qui ne peuvent qu’être vécus. Peut-être que ma connaissance de tes envies, ami lecteur, est intimement liée à leurs incommunicabilités.

interro

Peut-être que mon rôle sur cette Terre n’est que jouer aux devinettes ? Dame Nature pourvoie au reste.

Et c’est ainsi qu’Allah est grand

mai 2017 – Toulouse – France

S2-4 – Secret de Polichinelle

Habituellement, quand je finis un de mes article, j’ai une assez bonne idée du suivant. Las, arrivé à la fin du précédent sur la maman du colonel Paul Tibbets, une incertitude m’envahit alors que je concluais : je n’avais pas connaissance de la suite. Ma muse m’avait joué un tour bien explicable, puisque le sujet de cet article ci est justement… Le secret.

Le secret a toujours bien fait vendre, et à raison souvent. « Le grand secret » de Barjavel, « Le dessous des cartes » de Jean-Christophe Victor, « Des choses cachées depuis la fondation du monde » de René Girard, « Top secret » de Jim Abrahams et des frères Zucker, « L.A. Confidential » de Curtis Hanson, ou encore « Le secret de la Licorne » d’Hergé ; sont toutes des œuvres dont je conseillerais la lecture ou le visionnage (je suis par contre plus réservé devant « Secret story » de TF1, tout simplement parce que je ne connais pas assez bien cette émission).

Même dans la Genèse, le secret est le ressort de toute l’intrigue. Il y a résonance entre ces deux départs de l’humanité que sont l’histoire d’abord d’Adam et Ève puis celle de Noé, sur ce thème du dévoilement de l’arcane. Si les deux tourtereaux sont chassés de l’Éden, c’est pour avoir goûté des fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, encore que le texte prête le flanc à quelque interprétation géographique.

flan

Plus encore, quand Dieu décide d’effacer, pour recommencer, le tableau de sa création par un grand coup d’éponge nomméegravure dore bible - adam et eve chasses Déluge, il ne se passe pas beaucoup de temps avant que Cham ne voit la nudité de son père Noé, saoul comme une bourrique. Son fils Canaan en fût frappé de malédiction par le patriarche et les plus graves conséquences s’en suivirent. Il aurait fallu détourner le regard face au secret, car Dieu est cachottier.

Aux antipodes de la foi chrétienne, un certain docteur viennois s’occupa aussi de secret… Il en avait changé juste le nom pour celui de refoulé, mais le moteur restait le même : pour accumuler de la souffrance, il suffisait de monter un barrage où viendrait s’accumuler l’énergie du dissimulé, barrage dressé dans l’inconscient, selon Freud.

Je veux tout d’abord rester pragmatique, et écrire cette simple évidence : le secret est quelque chose qui se sait à plusieurs mais qui ne se dit pas.

Formulé autrement, tout secret est un secret de Polichinelle.

Car qu’avons-nous à faire de quelque chose qui ne serait pas su, pas porté à la connaissance ? Qu’il retourne aux limbes, il n’intéresse personne, il ne mérite pas d’autre nom que celui de néant. Non, pour avoir quelque valeur expérimentale, pour qu’il offre quelque prise à la réflexion, le secret doit être connu d’au moins deux personnes (une seule le connaissant pourrait légitiment se poser la question de sa validité). Le caché n’est, que porté par l’humanité.

On me rétorquera avec raison que le secret n’est pas qu’une expérience de pensée, qu’il existe des secrets, puisque il nous arrive d’apprendre des choses. Il ne doit donc pas être si bien connu que cela.

Les cigares du Pharaon

C’est exact, chaque secret va catégoriser un homme en sachant ou en non-sachant. Et c’est d’ailleurs bien parce que son champ d’action est celui de la connaissance que les scientifiques ont souvent ce vilain défaut de la curiosité. Ils veulent comprendre comment fonctionne la nature.

Nicolas Boileau a d’ailleurs expliqué dans « L’Art poétique » le moyen de détecter un vrai sachant. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » a sa contraposition en :

« Si ce n’est pas clair, celui qui explique n’y entrave que dalle ».

En gros, et plus simplement, face à un discours qui n’est pas parfaitement limpide, vous pouvez tourner les talons. Et ne vous étonnez pas, rare est ce qui est clair.

Je laisserais là les secrets de la nature, leur quête est sans fin. Le monde est vaste, wikipédia compte plus de 34 millions d’articles, langfr-418px-Wikipedia-logo-v2-fr.svget pourtant on n’y trouve pas la recette du pâté aux pommes de terre de ma grand-mère. Et quand bien même il y aurait un article, il ne serait pas complet. Il n’est évidemment pas possible d’épuiser quelque sujet que ce soit. On peut juste se fier à l’orgueil qu’a tout homme que de vouloir faire croire, à lui comme aux autres, qu’il en sait plus que son voisin. Et comment s’y prendra-t-il ? Par le mensonge, par le mépris, par le mystère, voire par la vraie connaissance qu’explicitait Boileau.

Par le mensonge ou par le mépris, tout le monde sait faire, inutile que je vous en dresse le portrait, je rappellerai juste le dédain duquel ces méthodes procèdent.

Couvrir le secret par le mystère est plus gracieux, et plus fréquentable. « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur » écrivit Jean Cocteau. Il ne donnait pas la suite, mais elle n’est pas excessivement compliquée. Poser des questions inspirées suffit généralement à cela : « Le hasard existe-t-il ? » ; « Qu’en penses-tu ?» ; « Pourquoi dis-tu cela ? » ; je vous laisse compléter avec votre propre liste. Pour ma part je suis heureux d’avoir fréquenté quelques jésuites

Le secret sur soi, parce qu’il est tenu par les affres de la honte, fait le malheur de celui qui ne doit pas le dévoiler. Il méritera un autre article, car j’ai promis de faire un article éco-responsable, donc ne consommant pas trop d’énergie à sa lecture.

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Dans un prochain article, l’auteur de ces lignes (les plus astucieux m’auront reconnu) dévoilera donc son intimité. D’aventure, j’essayerais aussi d’expliquer que parce que s’écrit en deux mots au lieu de trois quand le complément qu’il introduit répond à la question pourquoi.

Juillet 2015 – Toulouse – France